Ces souvenirs qui dérangent
La société crie haut et fort qu’il faut évoluer, changer des dogmes, mentalités qui n’ont pas évolués depuis des dizaines ou centaines d’années. Oui c’est vrai ! Par contre je trouve que certaines mentalités, dont celui que je vais vous parler stagne et même recule…
Cet article vous amènera vers de tristes souvenirs, mais quand il le faut il le faut… Des fois il faut souffrir pour se réveiller et évoluer…
La mort, la seule justice qui existe dans notre monde terrestre… Malheureusement nous allons y passer, que ce soit entouré d’amour et d’amis ou bien seul dans un hôpital de retraite (CHSLD comme on dit au Québec) alité et avoir un sourire de libération après tant de mois ou d’années de souffrance et de solitude.
Pour les familles, amis et connaissances de longue date cela peut devenir un poids de moins sur les épaules comme un moment de souffrance et de peine sans fin.
Il arrive le moment de s’occuper du corps et du service funéraire. Pour ceux qui ont déjà vécu cette étape… Suis-je obligé de vous rappeler ces moments ?
Le passé n’est pas garant de l’avenir
Le sujet commence vers 1839 exactement. Un artiste, Louis Daguerre, a l’idée d’immortaliser par les première méthodes photographiques, nommé daguerréotype, de prendre des portraits de défunts.
L’idée fit boule de neige chez les familles riches qui avaient les moyens monétaires de se payer un photographe et avoir le dernier portrait des défunts tant aimés. Cette méthode est en lien avec la réalisation du dernier portrait ou masque mortuaire qui était pratiqué par les familles royales.
Les premières photographies n’étaient pas sur du papier, mais bien sur une surface d’argent polie comme un miroir. Cela permettait d’afficher de manière permanente la photographie. Ce qui veut dire que les familles et le photographe n’avait pas de négatif ce qui rendait la photographie unique et je pourrais utiliser le terme… précieuse aux yeux de la famille du défunt.
Cette technique devient rapidement une mode en Amérique du Nord, mais aussi en Europe occidentale. En 1885 et en 1917 les portraits post-mortem furent utilisés pour la couverture de revues dont l’Illustration pour le décès de Victor Hugo et de Rodin.
Au début des photographies post-mortem les familles avaient comme portrait le corps ou le visage, dans un décor naturel afin de donner l’impression de dormir. Oubliez le cercueil…
Dans cette période de l’Histoire humaine le taux de mortalité chez les enfants est très élevé par les maladies infantiles ou par les emplois qu’ils devaient pratiquer pour subvenir aux besoins de la famille ou parce qu’ils étaient vendus comme esclaves. Malheureusement les lois sur la protection des enfants n’existaient pas (au Québec c’est la Direction de la Protection de la Jeunesse) dans ces années noires.
Les photos des enfants étaient simples… ils étaient photographiés dans leur berceaux, lit ou sur des divans. Ils étaient entourés de leur jouet préféré. Parfois les parents apparaissaient afin de refaire le noyau familial.
En faisant des recherches sur internet pour faire cet article, j’ai lu que les photographies post-mortem ont même été utilisée pour les animaux domestiques. Sur le coup j’ai été surpris, mais oui pourquoi pas ! Ces animaux étaient de la famille, même autant aimé que des humains appartenant au cercle familial.
La boite à 4 planches
Il arrive que les idées s’entrechoquent et qu’un heureux ou malheureux mélanges d’idées se fusionnent et donnent un résultat qui perd de son éclat initial…
Cette fois la mentalité des gens amena le fait que les défunt ne devaient plus paraître comme s’ils étaient en partie vivant, entouré de la famille. Un corps habillé, sans vie et surtout sans la chaleur familiale qui l’entoure. En quelques dizaines d’années les photos post-mortem disparurent dans la mentalité occidentale. Les seules régions qui continuent à produire ce genre de photographie sont surtout en Europe orientale et certains pays de l’Est.
Donc les gens allaient voir le corps une journée ou deux et puis l’enterrement. Un peu froid comme souvenir… Comme s’il fallait couper au plus vite le lien entre le mort et les vivants… Et c’est ce qui est arrivé malheureusement et c’est ce qui arrive encore de nos jours : il faut que tout soit froid entre 4 planches et rien de plus. On ferme le cercueil, on enterre ou incinère et ensuite on oublie… sauf quelques souvenirs qui vont et viennent dans notre mémoire.
Dans la mémoire des gens éprouvées le dernier souvenir reste le cercueil…
Sautons dans le sujet
Je l’ai vécu personnellement avec la mort de mon père. J’étais avec ma mère à toutes les étapes. Un gros 3 heures pour le choix du cercueil, l’urne, l’endroit de la niche, prière lors du service etc… Je dois avouer que sans être médium j’ai senti mon père pendant les trois heures. Il m’a même conseillé une urne avec rose.
Puis l’attente du salon funéraire et le service… Les jours sont longs dans l’attente de ce moment…
Je vais vous dire ce qui m’inquiétait le plus dans toutes étapes que je devais vivre avec mère, c’était de le voir pour la dernière fois.
Les mains moites, les jambes qui sont molles… on se dirige vers une salle froide avec une lumière très faible. Même si je ne veux pas tout de suite aller le voir… je sens le besoins de le regarder.
Un moment qui marque
Il est là, couché entre 4 planches de bois vernis, maquillé, coiffé, rembourré à cause du cancer et de sa maigreur… Oui c’est mon père !
Mais… ce n’est pas lui. Je ne sens plus la vie, une énergie vitale qui rend tous humains, vivant et non un paquet de viande froide. Oui viande… chair… Choisissez le mot que vous voulez, mais lorsque nous sommes raide mort… nous sommes juste de la chair sans chaleur et vie.
Nous avions ma mère et moi une heure pile pour lui dire Adieux. Je ne vous raconterai pas tous les souvenirs que j’ai eu, les déceptions de mes choix dans mon passé, les paroles dures, comme les bons moments qui se sont bousculés dans ma tête…
Je n’ai pas pleuré car les larmes avaient coulées bien avant sa mort… J’avais dit tout ce que j’avais à lui dire… Je lui ai fait la promesse qui a compliqué ma vie de couple dans le temps, amené la séparation et surement compliquera la prochaine… Juré devant un vivant en phase terminale et quelques minutes après le dernier soupir respire de mon père ne peut s’effacer… Une promesse est une promesse. Ne demandez pas ce que c’est… Juste Bleue et Noire sait cette promesse et connait les conséquences sur mon futur…
Une image rien de plus
Sur la carte mortuaire de mon père, la photo a été prise le premier jour de son traitement de chimiothérapie… Il n’avait pas envie de sourire… Il souffrait en silence devant moi, sans se plaindre. Lorsque j’ai pris cette photo je lui ai dit : “Sourit un peu! Tu ne t’en vas pas à ton enterrement…” Il a été surpris sur le coup et il a fait le plus beau sourire que j’ai vu de toute ma vie !
Par contre je dois être honnête… Mon petit doigt me disait en même temps… “Ça fera une belle photo pour sa carte mortuaire” ……….. Suis-je obligé de vous dire comment je me suis sentis à l’instant que j’ai entendu cela ???
Pourquoi le titre “Une image” ??? Non ce n’est pas cette photo que je parle…
J’ai fait quelque chose que peu de monde aime faire… En fait je crois que les gens ne font jamais cela… Surement pour cette raison que les cartes mortuaires ont une photo…
J’ai pris la décision de photographier mon père dans son cercueil.
J’ai une drôle impression que beaucoup de gens viennent de faire la grimace…
En fait ce moment a été celui de couper officiellement le lien. De garder cette image en tête, car disons que la dernière fois que je l’avais vu avant qu’il soit dans son cercueil c’était une heure après sa mort… Suis-je obligé de donner plus de détails ?
Je regarde ces photos prises une fois par année. C’est un moment intime, une communion et de séparation entre son corps et sa chaire de sa chaire.
Accepter ce qui vous dérange
Pour certaines personnes ce moment capté est un souvenir qui doit rester avec eux pour accepter la mort de l’être aimé, affronter la douleur et la peine. Un regard sur cette photo peut les aider à se souvenir du passé…
Maintenant imaginez que c’est un couple qui attendait la naissance d’un petit être et qui par malheur il y a une fausse couche ou tout autre problème…
Ce couple décide de prendre en photo ce petit être qui voulait vivre, mais par un acte du destin fait qu’il ne vivra pas. La douleur, la peine est sans limite…
Ces photos ne sont pas à juger, ni par moi, ni par vous et ni par la famille. Par personne! Que les grands penseurs de la société disent OUI ou NON, ce n’est pas l’affaire des gens de juger cette décision et acte de garder sur image ce moment intime.
C’est le seul lien entre l’enfant et les parents… Le seul qui va rester jusqu’à leur mort.
Je prends ce cas décrit ci-haut, celui d’un couple qui perd un être cher qu’ils désiraient, mais il y a tous les autres cas qui arrivent partout sur la planète.
Ceci est important à comprendre… mais surtout à accepter.
Maintenant tout cela amène le problème des esprits des personnes décédés qui se font oublier par les vivants, trop rapidement, et sentent qu’ils doivent réagir, bouger pour se faire comprendre, mais surtout prouver qu’ils sont encore là…
Ne vous demandez pas pourquoi je parle à chaque jour avec mon père, même si pour cela plus de 90% de la population mondiale me croira fou, schizophrénie ou en dépression.
Cela amènera un futur article sur les passeurs d’âmes que je vous écrirai quand je pourrai.
Merci de partager si vous croyez que l’article peut intéresser, aider une personne ayant vécu ces émotions et qui en souffre encore.
Steve 🙂