Le cimetière Gros-Pin oublié dans Limoilou
Le mot paix n’est pas juste en lien avec l’action d’arrêter une guerre.. Enfin la paix !
Le mot paix a aussi en lien avec l’action de mettre en terre un défunt… Qu’il repose en paix ou R.I.P. en anglais.
Cet article n’est pas du paranormal, mais bien de l’histoire. Cette histoire est en lien avec mon quartier (Limoilou) à Québec.
Je suis né à Québec et je mourrai à Québec. Je serai incinéré et mis dans une urne, qui elle sera déposée dans une niche.
Pour d’autres gens ce sera un enterrement dans un cimetière.
Par contre lorsqu’il arrivait une épidémie dans une ville comme Québec durant les années 1840, avec une médecine moderne qui était dans ses débuts, il fallait agir vite pour contrôler la maladie.
C’est ce qui arriva en 1847 avec une épidémie de Typhus. Environ 300 décès à Québec. L’arrivée de cette maladie vient des immigrants irlandais qui fuyaient l’Irlande suite à la famine. Un parasite attaquait la pomme de terre qui était la base de leur l’alimentation.
Les immigrants malades à Québec se faisaient soigner à l’hôpital de la Marine, situé sur l’ancien terrain où était situé un bureau du gouvernement fédéral près de la centrale de Police et juste à côté de l’usine à tabac. Ou si vous aimez mieux, la passerelle pour piétons au-dessus de Laurentien à coté de la centrale de police de Québec. Plus d’un million d’immigrants irlandais et anglais transitent entre 1815 et 1860.
Il y avait deux cimetières qui étaient sur le terrain de cet hôpital.
- Catholique : situé où était le bâtiment de la Croix-Rouge. Ce cimetière était aussi utilisé par la fabrique de St-Roch et le nom était Cimetière de la Pointe.
- Anglican : situé où est l’usine Rothman’s Benson & Hedges, soit en avant de l’hôpital.
Par contre le plan que je vous montre ci-bas indique plutôt que les deux cimetières étaient en arrière de l’hôpital. Qui dit vrai ???? Je me fie au plan ci-dessous.
En 1847 les deux cimetières étaient presque pleins et la population de St-Roch s’inquiétait de la qualité de l’eau qu’ils buvaient car c’était de l’eau de la rivière St-Charles. Le cimetière catholique était près de la rivière et comme les corps étaient contaminés par le typhus, la population avait la crainte que cette maladie s’écoule des cadavres en décomposition et pollue l’eau de la rivière. Cette eau était puisée et fournis par des charretiers qui allaient chercher l’eau à la marée basse.
C’est alors que la ville octroya un nouveau terrain pour les corps contaminés, ainsi que pour les gens qui allaient mourir seuls dans les hôpitaux.
Il fut décidé d’ouvrir un cimetière pour les catholiques et anglicans dans le village des Gros-Pins. Ce cimetière était situé entre la 1ère Avenue (restaurant Ashton) jusqu’à la rue Tadoussac et 4e Avenue Ouest, incluant le Parc Marchand. Ce cimetière a été mis sur le lot 725 (le rectangle rouge).
Plus les années passent et moins il y a d’immigration irlandaise et moins il y a de décès. Voici quelques chiffes : 2092 sépultures sont enregistrées de 1847 à 1871 par l’hôpital de la Marine, qui tenait alors ses propres registres, dont 820 pour la seule année 1847.
Ce chiffre décroît à 12 pour l’année 1858. L’entretien du cimetière semble décroître également : le 5 juillet de cette même année, une requête est présentée au Conseil de la paroisse de Charlesbourg dans laquelle on se plaint « Que le cimetière situé au lieu nommé Gros-Pin est cause d’odeur infecte et empesté qui s’y dégagent pour les voisins et les gens qui passent sur la route de Charlesbourg. »
Il est impossible de savoir le nombre exact d’inhumation dans le cimetière des Gros-Pins parce qu’entre 1880 et 1891 la plupart des défunts c’était des corps non-réclamés.
La fabrique St-Roch utilisa ce cimetière, ainsi que la Faculté de médecine de l’Université Laval. Les futurs médecins disséquaient les corps non réclamés et le gardien du cimetière préparait des boites en bois et mettait les corps dedans.
Les cadavres exhumés et/ou disséqués de la Faculté de médecine de l’Université Laval semblent donc être les dernières inhumations effectuées dans le cimetière de Gros-Pin.
Fin 19e siècle le cimetière est abandonné. Il y a une clôture qui entourait le cimetière catholique et anglican. Dans la partie catholique, une grande croix en bois de 10 pieds de haut ornait le centre.
En 1904 l’armée construisis sur le terrain une poudrière. Cette poudrière était utilisée pour emmagasiner des munitions. Elle fut utilisée durant la première guerre mondiale. Le cimetière commençait être abandonné. Plus grand gens pensaient au cimetière.
Les défunts font une apparition en 1951 lors des travaux de la 4e Avenue pour la construction du viaduc pour le train. Des ossements humains sont retrouvés dans des boites de bois. Plusieurs boites contiennent des ossements, mais aussi des éprouvettes et des instruments médicaux. Encore une preuve que ces corps furent utilisés par les étudiants de la Faculté de Médecine de l’Université Laval. Les ossements furent envoyés au cimetière St-Charles.
En novembre 1954 un cercueil est découvert à l’emplacement actuel du restaurant Ashton sur la 1ère Avenue. Cette découverte a été effectuée lors des travaux pour la construction d’une station de services Fina. Une entente entre les religieux et la compagnie pétrolière Canadian Petrofina Ltd fut faite pour disposition du corps. Surement il fut disposé au Cimetière St-Charles.
Aucune information précise si des corps furent découverts lors des travaux de construction des maisons, du parc et du centre communautaire Ferland.
Cet article est un résumé d’un document PDF que j’ai trouvé alors que je cherchais des informations sur les anciens cimetières dans le Vieux-Québec et autour de la Cathédrale-Basilique de Québec.
Source : http://www.leslabelle.com/Cimetieres/Documents/Source_1412.pdf